Here, on the path, a friendly encounter with Edith, amazed, smiling. Spontaneous, she talks about butterflies, a couple of walkers from Cardiff is listening. They are so pleasant , simple. Here, there are five of us.
éric
photos
Je feuillette les notes du carnet. Elles me parlent de l’immensité du paysage de collines qui s’étend au loin, de vent léger et de fleurs d’été, de silex et de craie, les chaumes sont d’ocres et de bruns, et les mûres, les cenelles et les sureaux sont de teintes attirantes. Oui, ce sont des linottes mélodieuses et le bruant jaune qui s’expriment, dans l’aubépine, et je me demande à quoi elle pense.
L’arbre fleurit les saisons, les longues années, sans s’embarrasser de nous, sur les hauteurs des coteaux, en lisière d’un petit boisement, entre les bruyères de la lande, dans la cour de la ferme, le long de la rivière ou de la haie, en arrière de la dune. Ces lieux familiers. La chouette dans un vieux lierre, quels poissons en bord de mer, les moutons se reposent ce matin, le martin pêcheur a t-il plongé entre les reflets des feuilles des saules. À quoi pensent ces êtres de vie ? Le chemin monte vers le champ d’avoine, des origans en fleurs. Le pas se presse. Je sens une jolie évidence.
Là, sur le chemin, la rencontre amicale avec Edith, émerveillée, souriante. Spontanée, elle parle des papillons, un couple de randonneurs de Cardiff écoute. Ils ont si plaisants, simples. Nous voilà à cinq. Nous échangeons sur les façons de voler des papillons, leur amusantes et merveilleuses facultés de goûter les fleurs avec les pattes, d’écouter les alentours avec les antennes. Un moment de silence, ample, sans effets d’obstacles. Être présent avec ces vies. Et leurs yeux adaptés à ce paysage, celui de forêts de milliers de marguerites d’un demi mètre de haut, d’origans sucrés et de séneçons jaune soleil.
Il suffit de sourires pour que très vite, quel mystère tout de même, les discussions s’étoffent aussi du temps qu’il fait, des lumières hier soir pendant la pluie d’orage, de nos lieux de vie, des couleurs des perdrix. Et des nuées d’ ailes sur les pétales, l’assiduité et le choix, la nécessité, à se poser, là, sur ces plantes, ces parfums.
Les marcheurs reprennent le sentier. Les pas. Je sens une émotion, une sorte d’intensité, celles que les phrases et les lettres savent traduire. Avec Edith nous continuons l’écoute de ces bulles de temps. Synchrones, légères, colorées. Elle me demande si je peins, je lui réponds oui. Il y a dans nos regards un subtil équilibre, une authenticité, et ce ressenti, une conscience floue, – nous n’en posons pas de mots -, d’une amitié et de satisfactions à laisser venir, à cultiver.
Et depuis la joie de nos lettres, elles ont le sens de la confidence, de la vulnérabilité, des énergies entre les êtres.
Les longues ailes du milan royal, habile dans le vent léger ce matin,
dessinent, des cercles, des lignes, des traits sur la carte. Nous imaginons les vues là haut, sur les coteaux calcaires des South Downs, les champs de céréales, les pâtures parsemées d’ajoncs, nos regards, Black Down au nord et ses reliefs généreux presque ouatés en teintes de gris foncés, la Manche au sud, son aplat bleu azur.
Oui elles sont bien cela, les lettres. Attraper ce moment de silence, ample.
Écrire le présent, le déplier, et l’envoyer à son amie.
Il y a l’été, l’automne, l’hiver, le printemps, et voilà l’été, notre rencontre.
éric, « South Downs, birds ».
I am leafing through the notes. They tell me about the wasteness of the hill landscape that stretches far away, about the light wind and Summer flowers, about flint and limestone, the stubble are ocher and brown, and the blackberries, haws and elderflowers have attractive hues. Yes, here are the Common Linets and the Yellowhammer that are singing in the hawthorn. I am wondering what it is thinking of.
The tree flowers the seasons, the long years, without minding about us, on the tops of the hillsides, on the edge of a small wood, between the moor heathers, in the farming yard, along the rivers and hedges, behind the dunes. These familiar places. The owl in an old ivy, which fishes by the seashore, sheep resting this morning, has the kingfisher dived between the reflections of the willow leaves, what is on the mind of these living creatures ? The path climbs towards the oat field, flowering wild marjorams. I speed up.
I have the sense of a lovely evidence.
Here, on the path, a friendly encounter with Edith, amazed, smiling. Spontaneous, she talks about butterflies, a couple of walkers from Cardiff is listening. They are so pleasant , simple. Here, there are five of us. We exchange on the way of flying for butterflies, their funny and wonderful habilities to taste flowers using the legs, to listen to the surroundings with the antennaes. A moment of silence, ample, without any obstruction. To be here with these lives. And their eyes adapted to this landscape, that of a thousands of a half meter high oxeyes daisy forest, of sweet wild marjorams and sunny yellow ragworts.
It only needs smiles, so that very quickly, still such a mystery, talks are also fleshed out by words about the weather, the last evening lights during the rain storm, our places of life, the partridge colours, and swarms of wings on petals, diligence and choice, the need to rest there on these plants, on these scents.
The walkers get back on the path, the footsteps. I am feeling an emotion, a kind of intensity that sentences and letters can reflect. With Edith we go on listening to these time bubbles. Synchronised, light, coloured, She asks me if I paint, I answer , yes. There are in our eyes a subtle balance, genuineness and this feeling, we do not put it into words, a friendship and rewards to come, to built.
And since then the joy of all these exchanges, they have the sense of confidence, of vulnerability, of energies between the beings.
The red Kite long wings, skilful in the light wind this morning
draws circles, lines, strokes on the map. We picture the views up there, on the limestone hillslopes of the South Downs, cereal fields , pastures strewn with gorses, our eyes, the Black Down northward, these wide landforms almost billowy dark grey hues, English Channel southward, its azure blue patch.
Yes, they are all of it, the letters. To catch this moment of silence, ample. To write the present, to unfold it, to let it blossom and send it to one’s friend.
There is Summer, Autumn, Winter, Spring and here is Summer, our encounter.
éric, « South Downs, birds ».
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