Two artists living a century apart, a correspondence, bird sculptures
Deux artistes d’un siècle d’écart, une correspondance, des sculptures
to Edith | à Edith
South Downs
South Downs,is both an essay, a friendly correspondence dreamed up between two artists a century apart
and a sculpture exhibition of birds from the South England hills.
From a recent encounter with the light and the scents of these hills, their immensities,
from an encounter twenty years ago with Edith Holden’s drawings and texts,
has come to me the idea of an essay, an exhibition.
A tribute to the centenary of her passing, in 1920, an exchange of letters with her.
Edith, illustrator, painter was born on the 26th September 1871, in England.
Eric, sculptor, painter was born on the 30th September 1971, in France.
They love painting, writing . The colour and the word love the emotions.
Watching, staying connected to nature, simply.
Twenty four sculptures and twelve texts are shown, as many landscapes, colours, moments of a year.
Our correspondance are friendly letters, thoughts, creations, travels, seasons for the bird and flowers. And the joices to go and refresh oneself in the South Downs.
South Downs are made up with chalk grassland, beech hanger and woodlands, heathland, farmland, river and marsches, coastlines.
The essay begins the 16th July, they are getting ready for a trip in September, Autumn…
« South Downs, birds » est à la fois un essai, une correspondance amicale imaginée entre deux artistes d’un siècle d’écart, et une exposition de mes sculptures d’oiseaux observés sur les collines du sud de l’Angleterre,
les South Downs, du Hampshire à l’East Sussex.
D’une rencontre récente avec la lumière et les parfums de ces collines, leurs immensités,
d’une rencontre il y a vingt ans avec les illustrations et les textes d’Edith Holden,
m’est venu l’idée d’un essai littéraire, d’une exposition.
Un hommage aux 100 ans de sa disparition, en 1920.
Edith, illustratrice, peintre, est née le 26 septembre 1871, en Angleterre.
Eric, sculpteur, peintre, est né le 30 septembre 1971, en France.
Ils aiment peindre et écrire. La couleur et le mot aiment les émotions.
Observer, rester connectés avec la nature, simplement.
24 sculptures et 12 textes sont présentés, autant de paysages, de couleurs, de moments d’une année.
Nos correspondances sont des lettres d’amitiés, des pensées, des créations, des voyages,
les saisons chez les oiseaux et les fleurs. Et les joies de venir se ressourcer.
Les South Downs sont composées de côteaux calcaires, de boqueteaux de hêtres et boisements, de landes à bruyères, de champs, de rivières et marais, de bords de mer.
L’essai commence un 16 juillet, ils se préparent pour un second voyage, en septembre, l’automne…
July | juillet
August | août
September | septembre
October| octobre
November | novembre
December | décembre
January | janvier
February | février
March | mars
April | avril
May | mai
June | juin
chalk grassland | côteaux calcaires
beech hanger and woodlands | boqueteaux de hêtres et boisements
heathlands | landes à bruyères
farmland | paysages des champs
rivers and marshes | rivières et marais
costline | bords de mer
correspondances extracts| extraits des correspondances
Knowle, 29 th July
Dear friend,
In September, we are to meet for a second autumn trip. We have talked, indeed, of going back to Storrington, a lovely idea, yes. To walk again on the South Downs way towards Amberley, Houghton and the Arun Valley, coming across its birds, its butterflies, welcoming Autumn and its lights, its colours, the sun on the sea far away and the Hillside, its energies to reflect on the year feelings, paths and introspections, let this season of balance vibrate deep inside oneself, nature setting little by little.
Edith has arrived at Knowle by bike, just as on the 7th July, to see again the orchids and wild roses along the edges, the blue of the forget-me-not in the marshes. She has brought shortcakes to thank the local woman who had given her a white waterlily at the pond of Packwood House. She was feeling a subtle mixture of spontaneity and elation to sit down and write with the usual simplicity, easiness and skill of her letters.
This morning, along with the wheat field scents, there were thin touches of poppy red slipped thinly between the grain green leaves. A light wind made the vetches undulate, leaves from a notebook were turning, were thinking.
Was Edith thinking of the orange red of the Common Stonechat between the hawthorn leaves on a limestone hill ? Of the friendly confidences in their first letters, of the simplicity of sharing ?
Yes, she was sketching out sentences, quickly, her feet anchored in the ground. The ground was so pleasant, to feel oneself there, now , among the flower movements, of small tortoiseshells finely cut wings, shaken by the wind, by life.
She is listening, watching.
We first met nearly a year ago on the South Down way, last summer. I remember our first letters. To read them elated us whatever the subjects, our current energies, our creativity keeping us busy, our looks either light or serious . And this morning I am thinking that energies found in a letter one has received are similar to those of writing , of friendship. They are both linked and free. Free to write when we feel like doing it , to imagine ourselves working or strolling, meeting each other again , a presence, words.
Write to me soon éric,
Edith.
Knowle, 29 juillet
Cher ami,
En septembre nous allons nous retrouver, pour un second voyage d’automne. Nous parlions en effet de retourner à Storrington, une belle idée, oui. Refaire le chemin des South Downs, vers Amberley, Houghton et la vallée de l’Arun, croiser ses oiseaux, ses papillons, accueillir l’automne et ses lumières, ses couleurs, le soleil sur la mer au loin et les collines, ses énergies à relire des ressentis de l’année, des chemins et introspections, faire vibrer en soi cette saison d’équilibre, d’une nature qui se pose peu à peu.
Edith venait d’arriver à bicyclette à Knowle comme au 07 juillet, pour revoir les orchidées et les roses sauvages au bord des haies, le bleu des myosotis dans les marais. Elle avait amené des shortbreads pour remercier une voisine des lieux qui lui avait offert un nénuphar blanc à l’étang de Packwood House.
Elle ressentait un subtil mélange de spontanéité et d’exaltation à s’asseoir et écrire, avec la simplicité, l’aisance et l’habileté habituelle de ses lettres.
Ce matin, avec les parfums du champ du blé, il y avait les fines touches de rouge coquelicot glissées comme des mots entre les feuilles vertes des céréales. Un vent léger faisait onduler les vesces, les pages d’un carnet tournaient, pensaient.
Est-ce-que Edith pensait au rouge orangé du tarier pâtre entre les feuilles d’une aubépine du coteau calcaire ? Aux confidences amicales des premières correspondances échangées ? À la simplicité de partager ?
Oui, elle esquissait des phrases, vite, les pieds ancrés sur le sol. Le sol était si agréable pour se sentir, là, au présent ; entre les mouvements de fleurs, de vanesses aux ailes finement découpées, agitées par le vent, par la vie.
Elle écoute, observe.
Nous nous sommes rencontrés il y a bientôt un an, sur ce chemin des South Downs, l’été dernier. Je me souviens de nos premières correspondances. Les lire allait nous exalter, quelques soient les sujets, nos énergies du moment, nos occupations à créer, nos regards légers ou sérieux. Et ce matin, je me dis que les énergies qu’il y a dans une lettre reçue sont les mêmes que celles d’écrire, celles de l’amitié. Elles sont à la fois en liens et libres. Libres d’écrire, quand nous le pressentons, à nous imaginer en train de travailler ou flâner, à retrouver l’autre, une présence, des mots.
Écris moi vite éric,
Edith.
Solilhull, 22 juillet
Mon cher éric,
De ces immensités sculptées par le vent, je relis mes notes d’un précédent voyage d’hiver, de marches depuis les méandres de la Cuckmere jusqu’au falaises de craie des Seven Sisters et Birling Gap. J’y ai observé à plusieurs reprises, entre brumes basses ou sous un ciel bleu pâle d’hiver, le Hibou des marais.
Il est je crois l’un de mes oiseaux préférés. Et toi, le tien ?
Des bises et le vent, Edith
Le Cran aux oeufs, le 22 juillet
Ma bien chère amie,
Quel ange tu fais à m’envoyer tes regards sur les peintures, ils me sont excellents.
J’ai maintenant l’impression de ne pas m’arrêter, de relire les premières notes du carnet bleu, j’y retrouve les premières profondeurs des pensées, de l’eau qui perle et alimente, nos notes sur le chemin. J’accueille tes mots avec grande estime.
Les ambiances que tu décris entre les méandres de la Cuckmere et les falaises des Seven Sisters invitent à y retourner…Comme je te comprends pour le Hibou.
À ta question de l’oiseau, l’un de mes oiseaux préférés est peut-être le Rougegorge, ou le Vanneau aussi. À moins qu’il ne s’agisse de la Chouette hulotte. Vient la Perdrix grise, elle m’évoque le coteau calcaire et ses pentes à orchidées – je pense à l’Ophrys abeille que tu as délicatement peinte en ce début de juillet -. La Perdrix est aussi l’oiseau des champs d’orges et de blés, de ces longues soirées d’été.
Le soir tombe entre les parfums du gros tilleul au coin du bois et ceux des orges, savamment mélangés par le vent. Un Hibou moyen-duc lance ses notes profondes. Les chemins sont encore marqués de la longue journée de travail des paysans. Des moutons sont revenus pour cinq à six semaines dans la pâture aux épiniers après le champ de blé. Les perdrix aiment y aller, il a des flaques d’eau autour du bac à eau.
Ah oui, tu sais, le gros tilleul, un paysan est intervenu afin qu’il ne soit coupé, c’est une si bonne nouvelle.
Des bises et le vent, éric
Solilhull, 16 juillet
Chaque saison j’ai tout aussi hâte de revoir le martinet noir.
Je relis la description qu’éric avait écrite « le bolide des toits et des ruelles, l’arc de cercle des courses folles et des planés légers. Les acrobaties aériennes, les courses poursuites et les cris stridents des martinets en groupe donnent un je ne sais quoi de gai et d’animé entre le ciel et les toits. »
Vite, avec les pinceaux, je prépare pour l’oiseau des bruns noir couleur fusain, des gris silex, des reflets blanchâtres ; comme les couleurs du merle noir sur son nid aujourd’hui, des ailes des vulcains, en ce mois de juillet, des inflorescences du rubanier d’eau au bord de la Blythe à Temple Basall.
Chaque saison, je passe du temps à les observer., comme les soirs venus, où les jeunes de l’an dernier et les adultes qui ne sont pas au nid, montent et disparaissent dans le ciel.
Ils y passent la nuit.
Dorment-ils donc ? Dormir là-haut, par une chaude soirée d’été…
Les acrobaties reprennent demain matin.
Dans quelques jours vient le départ de beaucoup d’entre eux, la migration.
Edith.
Great Bookham, Polesden Lacy, 02 août
Chère Edith,
Les Bruyères, les Canches et les Pins de ton illustration page 108 montrent à merveille la lande écossaise, les Gélinottes. Le parfum est là.
Oh oui nos premières correspondances, les satisfactions et les énergies qu’elles allaient partager.
Je me sers un thé, regarde des premières lueurs du jour par la fenêtre, et mes pensées se sont posées avec les linottes et le bruant jaune dans l’aubépine. Les oiseaux mélodieux y étaient posés, avant notre rencontre sur le chemin aux papillons. Et les fleurs d’été et leurs parfums subtils.
Oui libres. Libres d’écrire. Et nos lettres se sont emplies de mots, près du bouquet de feuilles de saule et d’astrances sur la table à écrire, lorsque le soleil pose des teintes de roses sur les arbres de la lisière en forêt. Nos couleurs se sont soufflés d’ écrire, de recevoir, d’ apprendre, de s’émouvoir. Je suis allé lire tes mots entre les feuillages des blés, ai trouvé ceux des vesces et de la campanule de ton agenda de juillet.
Nous reverrons les oiseaux à notre second voyage. Ils seront sur le même arbre, perchés, énergiques et mélodieux, agités d’aller et retour entre les graines des lampsanes et d’épilobes et les rameaux du grand arbuste. Je l’imagine en automne, et l’hiver, puis vient le printemps, voilà l’été.
Oh comme les lettres aiment parler de ces mouvements de la vie, de ces intensités, de ces variabilités aussi. Je pense – et tu le devines déjà- , à cette amie dont les mots t’ont laissée perplexe, attristée, décidée aussi. Si elle juge que tu ne brilles pas assez pour elle, alors il y a ce chemin dont tu parles.
Je nous imagine revisiter ensuite de nos longues conversations cette année.
Avec toi Edith on parle d’amitié, d’art, de beauté, de couleurs. Je me souviens, tu m’avais demandé si j’aimais peindre. Ensemble, nous sommes qui nous sommes.
Qu’en penses-tu, nous pourrions nous retrouver le 28 septembre. J’ai pensé aux jardins de Nymans. Les Eucryphias parfumés seront encore en fleurs, avec les bruyères du wild garden. Ou préfères-tu que je vienne te chercher à Solilhull ?
Des bises aux roses jaunes et au hibou, éric
Kilmalhog, 02 septembre
Quelle exaltation éric à recevoir nos lettres, les ouvrir. Les mots, les saisons. Nos couleurs, oui, se sont soufflées d’ écrire, de recevoir, d’ apprendre, de s’émouvoir.
L’Écosse continue à m’émerveiller, de couleurs en lacs. Les grandes étendues d’herbes et de bruyères me font penser à tes marches le long de la mer.
Des saisons dont tu parles, je nous propose d’ écrire un texte à deux au sujet de l’automne des oiseaux, de nos observations, et en effet de ces souffles et mouvements de vie. L’automne des oiseaux entre août et novembre, l’automne de nos anniversaires.
Que de mouvements durant ces mois, avant la pause hivernale dès novembre, j’en compte quatre vois-tu : les derniers nids, le départ des visiteurs d’été, la migration des oiseaux du nord et de l’est, et la venue des premiers arrivants de l’hiver.
Voici les deux premiers mouvements.
Les derniers nids :
le merle noir observé ce 16 juillet sur son nid devait être à sa troisième couvée. Et des quatrièmes pontes sont bien souvent observées. Jusqu’à l’entrée de l’automne, certains oiseaux s’occupent des derniers nids.
J’ai trouvé des étourneaux sansonnets affairés au nid en août, des petits moineaux domestiques en septembre. Des pigeons ramiers sont au nid en septembre pendant que passent les premières migrations. La chouette effraie commence entre été et automne une deuxième nichée si une saison favorable et une nourriture suffisante le permettent. Avec ce temps parfait et chaud ce mois de septembre, le chardonneret, dessiné sur son chardon, a pu très bien pondre une troisième fois dans son superbe nid.
Ces couvées tardives sont parfois aussi des pontes de remplacement d’une nichée détruite, à espérer que ces efforts ne soient pas réduits par une météo défavorable.
Le départ des visiteurs d’été :
il est toujours plus aisé, au printemps, de voir l’arrivée des visiteurs estivaux, de se réjouir des chants du rossignol philomèle, de la fauvette à tête noire, du coucou gris, de mes premières hirondelles ce 14 avril quand sont en fleurs les prunelliers et les orchis mâles.
Le 20 avril, dans le voisinage, j’ai entendu le pouillot véloce pour la première fois, et le tarier pâtre dans les marais.
Mais en automne, leurs départs sont si discrets, inaperçus. Nous les voyons parfois, les entendons encore un peu. Puis, les voilà partis, un beau matin, ou en pleine nuit.
L’an dernier en fin septembre, les martinets noirs avaient tous disparus, et depuis quelques jours je n’avais pas vu d’hirondelles de fenêtre. Il y avait encore quelques hirondelles rustiques, mais un grand nombre d’entre-elles était parti vers le sud.
Vais-je revoir à la mi-octobre le pouillot véloce, à sautiller dans les groseilliers à maquereaux ? Il est bien souvent le dernier à nous quitter, et est habituellement le premier à arriver. Chez le merle noir, et la grive musicienne, comme ceux des champs d’Elmdon Lane, sont-ils des migrateurs, des sédentaires ?
J’aime octobre et novembre pour leurs grandes volées d’étourneaux, de moineaux et de fringilles dans les chaumes, vite rejoints par les premières migratrices, les grives mauvis et litornes, et bientôt les bécassines à que j’aime aller voir à Olton.
Plus tard, quelle hâte, passeront les oies cendrées.
Dis moi de toi, de tes lectures et écritures.
À la joie de te lire, amitiés automnales et bises écossaises, Edith
6 septembre
Chère Edith,
Je regarde les cartes et les petites routes de l’Écosse que tu découvres à vélo, entre Callender et le Lake of Menteith ; et t’ imagine sous la pluie, à observer la bécassine, le courlis et les étourneaux. Je lis ta joie de retourner bientôt, le 17, au Loch Venachar, je t’écris la mienne de partager ces mots ensemble.
Des oies dont tu as la hâte des passages, j’entends celle de janvier dernier dans les près salés. Sous des ciels de silence où tout semble parti, avec les parfums et les couleurs, il y avait à écouter, après le calme, entre les allées de saules et de peupliers, les vols puissants et amples des oies, les gris cendrés et les bruns noirs des ailes. Elles m’ont donné l’idée de sculpter un oiseau, une oie cendrée, oui, d’un mètre soixante d’envergure, dans l’air pâle, ténu, mais empli de vie, de force. Le guide de Ferguson précise 18 plumes de la queue, 11 rémiges primaires. J’ai si hâte de peindre ces gris, ces orangés, son œil. Et cet oiseau venu de si loin, des heures durant, traverse les paysages, survole les forêts, longe d’immenses étendues de plaine.
Puis j’entends les oies du ciel de mon enfance. Il semble plutôt bas ce matin de novembre des vacances scolaires, il fait à peine clair encore. Quelle joie ! Pas d’école, de toute façon je ne sais y trouver ma place, à ne pas y être compris. J’ai toujours aimé parti tôt, marcher avec le lever du jour. Le vent léger et bien froid déjà souffle de nord- est, de la plaine. Si le vent vient du nord -est disent les anciens, et Alfred en parlait hier encore, les Oies pourraient passer. Quel émerveillement ! Des oies ! Vraiment ?
Et ce matin là, les dernières feuilles des hêtres et des noisetiers volettent. Je m’amuse à calculer le temps qu’elles mettent à danser jusqu’au sol encore sombre, me dit qu’elles seraient belles dans un herbier aux pages de papier gris, mais elles me parlent tout bas et préfèrent rester au pied de l’arbre, avec les parfums des thuyas, des cyprès et des genévriers du jardin des moniales.
Je décide la suite de mon chemin en suivant la longue haie sur le côté du monastère, au plus court vers les hauteurs, sans prendre par le grand tilleul finalement. Et si les oies arrivaient maintenant ? Ce seraient ces cris merveilleux et des coups d’ailes à tendre les oreilles dans le calme de la fin de nuit. À moins que ce soit plus tard ? Remarque, au moins, de jour, je les verrais avec mes petites lunettes d’approche.
À la joie de les attendre s’ajoute l’odeur, après la nuit, de la terre fraîche du grand champ carré, ses jeunes semis de blé d’hiver.
Les oies vont-elles reconnaître le paysage ? Vont-elles me voir ? J’attends. Et la lune entre des nuages. À penser à tout et à rien. Comment peuvent-elles me voir ? Et je sais qu’elles ont aussi tant à faire aujourd’hui. Me vient l’idée de leur faire signe. Je me prépare, je sens qu’elles vont venir.
Des notes au loin, subtiles, puis marquées, et un grand V, ce vent léger venu de l’est. Et des frissons magiques pendant une minute. Dix, vingt, trente, quarante, cinquante, soixante secondes, la minute dure longtemps et à la fois s’en va bien vite après les bois. Je n’ai pas su si elles avaient vu mes mains tendues. J’ai su plus tard qu’elles allaient vers la mer. Ce sont elles qui m’y ont invité, à marée basse, à marée haute.
Et voici, chère Edith, les deux autres mouvements.
La migration des oiseaux du nord et de l’est :
après des moments de vie avec les oies, puis avec les ascendances thermiques des buses la journée venue, viennent les charmes des passages, lors des matins d’automne, des bandes de pinsons et linottes, des ramiers, des étourneaux, des éperviers solitaires, ou des vanneaux en groupes bavards tout là-haut, de longues heures durant.
Et la nuit les fauvettes ou les rouge-gorges passent, par centaines, ces vies.
L’arrivée des premiers hivernants :
à songer à tes paysages britanniques, par la fenêtre entre-ouverte ici, je relis mes notes d’oiseaux en séjour ou erratiques, dans les paysages d’hiver entre Artois et Boulonnais.
Entre bocage et pâtures, je lis les grives litornes et mauvis, la buse pattue, les linottes et pinsons, les buses variables, l’émerillon, le hibou des marais.
La forêt et sa lisière accueillent les pinsons du nord, la bécasse des bois, le faucon hobereau, l’autour des palombes.
Au bord de la rivière ce sont les bécassines, les guignettes et cul-blancs, le tarin des aulnes, le chevalier sylvain, le petit gravelot.
Le long des champs se posent ou passent les vanneaux et pluviers dorés, les étourneaux et pluviers argentés, goélands marins, argentés et cendrés, le busard Saint-Martin, le merle à plastron.
Sur le littoral et ses marais, il y a, venus de voyages là-aussi, le butor étoilé, les courlis cendrés, le tourne-pierre à collier, les aigrettes, les barges à queue noire et barges rousses, les bécasseaux sanderling, les canards et sarcelles, les fuligules, la bergeronnette de Yarell venue d’Angleterre.
Les rouges-gorges chantent, le jour se lève. À l’instant je relis des chroniques horticoles de Vita Sackville-West. Ses éloges des rosiers, des cyclamens ou du raisin, ainsi que son art de décrire le jardin, sont délicieux. Quel temps fait-il chez toi ? Je prépare un thé bien chaud. Et toi ? Quelle joie de t’écrire.
Des bises aux couleurs de septembre, et les Alouettes.
éric
Hawkhurst, le 06 novembre
J’aime ce délicieux mois de novembre, il reste encore quelques feuilles sur des arbres, des Saules, des Hêtres, des Peupliers, et déjà leurs silhouettes se dessinent. La nature se pose, avec ses beautés, ses projets pour le printemps. Et tout le temps d’y penser.
Des mots ont du se poser sur le sol en forêt, le long des troncs couverts de lichens, sur les vieux fruits pour les Merles, ou les fleurs des Viornes d’hiver. Qu’ont-ils à se chuchoter… Le temps de la créativité.
Des Grives mauvis passent dans le ciel, la nuit, le jour, des lumières et le vent.
éric
Clairmarais, le 04 mars
et si l’écriture venait des empreintes d’oiseaux…
Ciel froid février
Les manteaux terre de Sienne
Picorent et s’envolent
Ma bien chère Edith,
ton joli couple de Bouvreuils pivoine ce 23 janvier,
nos Pinsons du nord en forêt dès novembre,
et février m’a fait penser aux Linottes sur la colline de Storrington.
abritées dans les herbes sèches
les Linottes mélodieuses
se savent confondues couleur de terre
il y a des graines de renouées et marguerites
les oiseaux s’activent et déjà
pensent à s’envoler
dans le ciel des bandes ondulées et blanches
une aurore froide de février ne peut s’imaginer
qu’avec ses bandes de Linottes
quelques Pinsons des Chardonnerets
des notes des roulades
des cliquetis des trilles
que se demandent les oiseaux se dit-elle
notre orchestre ce matin semble joyeux
inventif et libre
on s’envole encore
on se perche sur les genévriers
des pentes abritées du coteau calcaire
quelques contrepoints et flûtés
même si c’est février
les élégants et les mélodieuses
viennent de partir
vers la rivière en bas
il était temps d’aller boire de l’eau sous les aulnes
et se posent les empreintes de petits doigts d’oiseaux
sur le limon une œuvre
comme les prémices d’une écriture
comme un enfant trace les lignes de son prénom
gravé dans la roche meuble éphémère
je les imagine ensuite repartir dans les branches
ces mots des sons des cliquetis
ces silhouettes presque éclipsées
parmi les fruits secs des aulnes
je viens de passer une heure avec les oiseaux
assise contre ce tronc
mes mains cherchent le chaud
vais continuer ma journée
restera dix heures puis midi
cette après-midi et le soir
viendra le printemps
choisir un jardin et son lilas
ou une lande et ses bruyères
un talus accueille un sureau
ou ce coteau un buisson
pour le nid chaud et méticuleux
viendra ce soir
la bande de soixante Linottes
serrées ensemble
dans les rameaux contre le tronc
à l’abri du vent du nord-est
ce sera une journée réussie
éric
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